Et dont le clair de lune argentait tout l’azur ;
Et les nonnes en chœur, dans l’air tranquille et pur,
Lançaient toujours le chant de leurs voix solennelles,.
Qu’interrompait parfois le cri des sentinelles
Debout auprès des feux qui se courbaient au vent.
Enfin l’aurore emplit le ciel vers le levant.
Tout s’émut. Le son grêle et perçant des trompettes
Éveilla dans le camp les hommes et les bêtes ;
Le soleil du matin, oblique et froid encor,
Fit sur les fronts casqués courir un frisson d’or,
Et, sortant de sa tente au milieu d’un murmure,
Procope, revêtu déjà de son armure,
Revint au pont-levis pour revoir son estoc.
Du couvent, grand ouvert et calme sur le roc,
Toujours l’hymne pieux s’envolait dans la nue.
La lourde épée encore en terre, droite et nue,
N’avait pas pris racine et n’avait pas fleuri ;
Mais, pour vivre un seul jour, en une nuit mûri,
Un liseron, autour de la lame immobile,
Avait fait tournoyer sa spirale débile.
La moindre de ces fleurs que l’abbesse aimait tant
Tenait captif le glaive au reflet éclatant,
Et, suave et charmant comme un œil qui regarde,
Son frais calice bleu fleurissait sur la garde.
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