Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/24

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Rebut du scélérat ou du désespéré,
Tu donnes le frisson. Tout en toi me rappelle
Devant les fleurs, devant la nature si belle,
Devant les cieux où court le doux vent aromal,
Devant le bon soleil, l’éternité du mal.
Tu me dis devant eux, triste témoin sincère,
Que le monde est rempli de vice et de misère
Et que ceux dont les pieds saignent sur les chemins,
Ô malheur ! sont bien prés d’ensanglanter leurs mains.
— Sois maudit ! instrument de crime ou de torture !
Mais qu’est-ce que cela peut faire à la nature ?
Voyez ! il disparaît sous l’herbe des sillons ;
Hideux, il ne fait pas horreur aux papillons ;
La terre le reprend ; il verdit sous la mousse ;
Et dans le vieux soulier une fleur des champs pousse.