Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/268

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Sur un rosier, selon les lois de la physique ;
Je touche de divers instruments de musique
Et je lis couramment, et fais des vers d’amour.
Je suis brave, non pas comme l’affreux Timour,
Par vain désir de gloire et par goût sanguinaire,
Mais pour tomber, avec le fracas du tonnerre,
Sur le Mongol camard et le Russe sans Dieu,
S’ils osent attaquer l’Empire du Milieu.
Je suis savant : je sais les rites et les codes.
Je suis pieux : je rends hommage, en leurs pagodes,
Aux bonzes de Kong-Tsé comme aux prêtres de Fô,
Et je protège aussi Jésus, le Dieu nouveau,
Qui naquit d’une vierge et qui veut que Ton s’aime.
Je suis juste, et prétends que tout le blé qu’il sème,
Au temps de la moisson revienne au laboureur.
Enfin je suis un bon, sage et grand empereur,
Et mon nom est béni par quiconque respire,
Du levant au ponant, dans le Céleste Empire.
Et maintenant, ô toi dont la fécondité
Nous accorde le riz, le froment et le thé,
O Terre maternelle, où chaque créature
Cherche sa vie et trouve enfin sa sépulture,
Et qui de tout au monde es la cause et l’effet,
Dis, que restera-t-il de tout ce que j’ai fait ?
Réponds-moi, pour cela fallût-il un miracle ! »