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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/297

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C’était le mois dernier, sous Metz… j’eus le malheur
De tuer un Français… »

                                             Pour cacher sa pâleur,
Irène, de la lampe, abaissa la lumière.
Il reprit :

                     « Nous allions surprendre une chaumière
Où les vôtres s’étaient fortifiés. Ce fut
Comme font les chasseurs quand ils vont à l’affût ;
Vers le poste français, par une nuit très sombre,
L’arme prête, muets, nous nous glissons en nombre,
Le long des peupliers disposés en rideaux.
J’enfonce, le premier, mon sabre dans le dos
Du soldat qui faisait sentinelle à la porte ;
Il tombe sans avoir même crié main-forte ;
Nous prenons la masure et tout est massacré ! »

Irène se cacha les yeux.

                                            « Tout effaré
Du combat, je sortais de ce lieu de carnage,
Quand la lune soudain déchirant un nuage
Me fit voir, éclairé de son pâle reflet,