Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/388

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Du poids de tes cheveux répandus sur les dalles.
Tu vas veiller, jeûner, languir, mais tu le veux.
Dans toute la rigueur accomplis donc tes vœux.
Le fardeau des péchés du monde est rude et grave,
Ma pauvre sœur ! Pour tous les tyrans, sois esclave ;
Sois chaste, ô sainte enfant, pour tous les corrompus ;
Bonne, pour les pervers ; sobre, pour les repus ;
Sois pauvre, l’on voit tant d’avarices vantées ;
Souffre, il est des heureux ; prie, il est des athées !
Comme à Marie a dit l’archange Gabriel :
« Sois bénie ! » et quand même – affreux soupçon ! – le ciel
Vers qui tu tends tes bras suppliants serait vide,
Quand ce serait en vain, cœur d’idéal avide,
Que pour les égarés et les impénitents,
Étant belle, étant noble et riche, ayant vingt ans,
Tu viendrais d’accepter cette lente agonie,
Pour ton erreur sublime, ô ma sœur, sois bénie !