Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t3, 1888.djvu/285

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Oh ! si par bonheur doit survivre
Un humble poème de moi,
Qu’il soit donc choisi dans ce livre,
Que j’ai, mignonne, écrit pour toi !

Vétéran n’ayant plus mon grade,
Poète oublié, triste et vieux,
Je serai mort, ma camarade,
Et tu m’auras fermé les yeux.

Tu te rappelleras, ma chère,
Mes jours de la fin si peu gais,
Et ma gloire si mensongère,
Quand tu passeras sur les quais

Et verras mes recueils intimes,
Jadis célébrés si souvent,
Qui, dans la boîte à dix centimes,
Seront feuilletés par le vent.

Mais qu’une enfant du voisinage
Qui te confiera ses amours,
— Car pour ces choses, malgré l’âge,
Tu seras clémente toujours, —