Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/118

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Un peu de basse envie et d’impossible espoir.
Vous voyez ce que c’est : une feuille équivoque,
Qui flatte à tour de bras le peuple, et qui s’en moque.
C’est fait par des gaillards qui nous font voir le tour ;
Des farceurs, aujourd’hui contre un tel, demain pour,

Singeant les purs, mais qui, parfois, dans la coulisse,
Touchent aux fonds secrets et sont de la police…
Hélas ! Je sais le mal qu’ils font, ces papiers-là.
Du temps de la Commune, ― oui, vingt ans de cela ! ―
J’avais un fils, très bon enfant, mais tête folle,
Qui s’exaltait à lire un journal au pétrole ;
Il garda son flingot, devint sergent-major…
Ils me l’ont fusillé !… Mais le beau mirliflor,
Qui l’excitait avec sa prose diabolique,
Est presque un gros bonnet sous notre République.
Ah ! misère de moi ! Quand, sur le Boulevard,
J’exhibe à tous les yeux le titre d’un « canard »
Qui veut ― ou fait semblant ― que la bataille éclate,
Je songe avec horreur que l’affiche écarlate
Dont j’aide le succès, quand même, à ma façon,
Est barbouillée avec le sang de mon garçon !…

« L’affiche ?… Parlons-en… Le vol en permanence !…
En ai-je assez lancé, des blagues de finance !
En ai-je assez tendu, des pièges à gogos !