Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/152

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Et toujours ― qu’il chantât l’élégie ou le psaume ―
Sublime sans effort, comme la fleur embaume,
Comme le fleuve suit son cours !

Tu disais ta prière ; et toutes les pensées
Se croyaient par un chant du Paradis bercées.
L’infini, c’était Dieu ; la nature, l’autel.
Tu pleurais tes amours ; et tous les cœurs de femmes
Palpitaient en suivant la cadence des rames
Qui frappent ton « Lac » immortel.

Toujours, toujours plus haut, comme un aigle s’élève,
Tu planais. L’homme est grand, as-tu dit, par le rêve.
Peut-être, dieu tombé, du ciel se souvient-il !
Toi du moins, tu gardas ta céleste origine,
O charmeur, et ta voix d’ange, ta voix divine,
Nous console dans notre exil.

Jeune et prodigue, alors, ah ! que ta vie est belle !
Dans les pays dorés dont la clarté t’appelle,
Tes chefs-d’œuvre sont faits aussitôt que conçus.
Puis, par les mers d’azur, roi de la Poésie,
Tu pars et vas baiser, sur la terre d’Asie,
La trace des pas de Jésus.