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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/178

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Grandir le clocher gris, bien d’aplomb sur sa tour,
Et l’azur apparaître en ses trèfles à jour.
Il me montrait le ciel, la mystique patrie,
Et, de loin, il semblait me dire : « Viens et prie »,
Le gothique clocher qu’obsèdent les corbeaux.
J’ai suivi le sentier au milieu des tombeaux,
Où les pavots épars jettent leur pourpre vive,
Et, seul, dans la fraîcheur de la nef en ogive,
M’étant agenouillé dans l’un des bancs de bois,
J’ai fait avec respect le signe de la croix
Et j’ai prié.

               Mon Dieu, que mon cœur est aride !
Pourtant, vous le savez, je vous ai pris pour guide.
Ardemment, tendrement, je redis le Credo.
J’accepte votre joug, je veux votre fardeau.
Votre nom est au fond de toutes mes pensées.
Jésus, je joins mes mains devant vos mains percées ;
Devant vos deux genoux douloureux et ployés,
Je me prosterne et baise éperdument vos pieds,
Et, voyant dans vos chairs la blessure cruelle,
Je voudrais que mon cœur fût palpitant comme elle !
Mais qu’il est froid et sec ! Ai-je vraiment la foi ?
Dieu de miséricorde, ayez pitié de moi !
Rendez-moi, rendez-moi ma ferveur enfantine,