Se tenait, le soir même, à vingt pas seulement ;
Et j’entrai là, conduit par mon désœuvrement.
Le dégoût m’arrêta sur le seuil de la porte,
Tant je fus suffoqué par l’odeur fauve et forte.
Dans la salle, un hangar au toit fumeux et bas,
— Quelque bastringue abject de filles à soldats,
Ayant encore au mur le tarif de la danse, ―
S’entassait une pauvre et sordide assistance.
C’étaient les meurt-de-faim et les désespérés.
Ils étaient assis là, coude à coude, serrés,’
—― Comme ils seront un jour dans la fosse commune,
Rongeant leur brûle-gueule et, leur vieille rancune ;
Et l’on ne remarquait d’abord que tous ces dos
De travailleurs, voûtés par le poids des fardeaux.
Mais, au fond du hangar enfumé, le gaz brille.
Tout là-bas, sur l’estrade, où, les soirs de quadrille,
Le dur piston se mêle aux violons grinceurs,
Siègent le président et les deux assesseurs,
Lui très chauve, eux barbus et de farouche mine,
Trois têtes de tribuns ouvriers que domine
L’énorme Marianne en plâtre, aux blancs regards,
Triomphante parmi les rouges étendards.
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