Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/65

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Et, dans ta froide indifférence,
Tu payais, sans t’en émouvoir,
Le matin, quelque conscience,
Et quelque débauche, le soir.

Mais, malgré ta honte et tes crimes,
Je me l’avoue avec effroi,
Pour ses appétits légitimes
Un poète a besoin de toi !…

Oh ! le temps lointain, l’âge antique,
Où l’aède mélodieux,
Pour gagner son repas rustique,
Chantait les héros et les dieux !

Ô barbarie hospitalière !
Il entrait, jamais étranger,
La lyre au dos, blanc de poussière,
Sous le chaume heureux du berger,

Et s’asseyait dans la famille
Qui contemplait son front rêveur,
Tandis que la plus jeune fille
Lavait les pieds du voyageur !…