Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/19

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par l’ancien lit conjugal, enseveli sous les plis d’un damas vert dont étaient faits également les rideaux de la croisée ; et des housses de toile grise recouvraient les chaises et les deux bergères, placées aux angles de la cheminée, où brûlait en hiver un feu de mottes et qui était garnie de deux bouquets de fleurs artificielles sous des globes, et d’une pendule en albâtre, style Empire. Sur la muraille, en face de cette cheminée, le portrait de feu M. Fontaine se mirait dans la glace. Cette œuvre d’art, qu’un rapin irrespectueux eût flétrie de l’énergique épithète de galette, représentait le digne universitaire en robe noire, et la toque sur sa tête, assis devant un bureau de travail à cylindre, dont l’original était d’ailleurs placé au-dessous du tableau, et écrivant un vers de Virgile avec une plume d’oie. Si le peintre avait fait ressortir d’une façon choquante le contraste qu’offraient les cheveux très blancs et le teint très rouge de M. Fontaine, sa consciencieuse bonne volonté éclatait du moins dans l’exactitude avec laquelle étaient reproduits les clous du fauteuil, l’encrier siphoïde et la palme d’or brodée sur la toge du professeur.

Quand nous aurons dit qu’un mince tapis cachait