Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/311

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Et, poussant la porte, il entra, pâle comme un mort, dans la chambre où il vit l’hôtelier et la bonne stupéfaite dans un coin, et 1’Auvergnat à genoux parmi les hardes en désordre, qui baisait amoureusement ses pièces d’or.

« En voilà assez, fit-il d’une voix sourde. C’est moi qui ai pris l’argent et qui l’ai mis dans la malle du camarade. Mais c’est trop dégoûtant. Je suis un voleur et non pas un Judas. Allez chercher la police. Je ne me sauverai pas. Seulement il faut que je dise un mot en particulier à Savinien, que voilà. »

Le petit Limousin venait en effet d’arriver et, voyant son crime découvert, se croyant perdu, il restait là, les yeux fixes, les bras ballants.

Jean-François lui sauta violemment au cou, comme pour 1’embrasser ; il colla sa bouche à l’oreille de Savinien, et lui dit d’une voix basse et suppliante :

« Tais-toi ! »

Puis se tournant vers les autres :

« Laissez-moi seul avec lui. Je ne m’en irai pas, vous dis-je. Enfermez-nous si vous voulez, mais laissez-nous seuls. »

Et, d’un geste qui commandait, il leur montra la porte. Ils sortirent.