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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/176

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longues et grosses écritures qui couvrent quatre pages en quelques mots. C’était une simple assurance qu’on aurait grand plaisir à me revoir et une invitation à venir le soir même. Aussitôt après dîner, je me rendis aux Roches-Noires par la plage. La nuit montait, une calme et chaude nuit d’été, sans un souffle. Déjà quelques étoiles scintillaient dans le ciel et l’on entendait dans l’ombre la profonde respiration de la mer. Tous mes souvenirs de Copenhague me revenaient en foule. Je revivais les longues soirées passées en admiration devant Elsa, je l’évoquais, blonde en robe noire, fixant doucement sur mes yeux ses yeux clairs, dans sa chaste attitude de sainte de missel. J’allais la revoir... Était-ce possible ?...

« Enfin, j’arrivai à l’hôtel ; le domestique me conduisit au premier étage, ouvrit une porte. J’entrai, glacé d’émotion, défaillant presque, dans un petit salon très éclairé, et je vis Elsa qui se levait pour me recevoir, Elsa restée la même, absolument la même, comme jadis si blanche et si blonde dans sa robe de deuil, avec ses yeux pâles, ayant gardé intacte sa grâce virginale.

« Elle me tendit la main, cette main qu’autrefois je me croyais à peine digne d’effleurer, et je la pris