Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/288

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après deux ans de ménage, allait souvent à Paris tirer une bordée de matelot, et qui, dans ses sorties de chasse, tout en déjeunant d’une rustique omelette sur un coin de table, prenait la taille des filles de ferme.

Le premier coup de canon de la guerre de 1870 éveilla pourtant un écho dans l’âme de ce grossier jouisseur et lui rappela qu’il avait été soldat. Commandant de mobiles, il se battit avec crânerie, attrapa une blessure et la croix, et, aux élections, fut envoyé à la Chambre par son département. En grosse bête qu’il était, il suivit les majorités. De réactionnaire, il devint tour à tour centre droit, centre gauche, opportuniste, n’ouvrit jamais la bouche que pour demander la clôture, fut toujours réélu. Mais, contraint par ses fonctions d’habiter Paris, il lâcha les rênes à son tempérament et se rua dans le plaisir.

M me Bernard fut alors tout à fait abandonnée et ne vit plus que rarement et à peine, aux heures des repas, ce mari qu’elle n’avait jamais aimé et qu’à présent elle méprisait. Trop honnête pour se venger, trop fière pour se plaindre, elle fuyait le monde, et, presque toujours seule dans son vaste appartement du quai Malaquais, elle se consacrait