Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/321

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promeneurs, et les bonnes gens se retournaient avec un sourire pour suivre ce joli couple si bien appareillé, si gracieux et si jeune. Mais les amoureux n’y prenaient pas garde, absorbés qu’ils étaient dans leur joie intime. Ils se remirent à causer. Ils se rappelèrent les jours de timidité et de contrainte.

— Ainsi, c’est vrai ? demandait Armand. Vous aviez depuis longtemps un peu de sympathie pour moi ?

— C’est-à-dire, répondait Henriette, que je ne vivais plus que pour les minutes où vous traversiez le petit salon... Quand je voyais seulement le bouton de la porte qui tournait... allez ! je devinais bien si c’était vous... Oh ! si vous saviez !...

— Est-ce possible ?... Et je ne me suis aperçu de rien !

— Oh ! moi, disait alors Henriette avec une toute petite malice dans le regard, j’avais bien remarqué que vous passiez près de moi souvent.

— Et dire, reprenait Armand qui s’exaltait, que les choses auraient pu durer toujours ainsi, et que, sans notre rencontre de ce soir... Mais c’est fini, tout cela, heureusement ! C’est bien fini ! Quel bon hasard que je vous aie rencontrée !...