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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/36

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de-loup, et aboya longuement après le sinistre voyageur.

Il montra le poing à cette maison de riches, où les fleurs matinales semblaient exhaler du bonheur, et, pris d’un besoin farouche de solitude, il se jeta dans un sentier, à travers la campagne.

C’était ainsi qu’il se trouvait dans cette grande plaine, au milieu des hauts épis, les jambes cassées de fatigue, le grondement de la faim dans les entrailles, seul, perdu, désespéré.


Tout à coup, un coq lança sa claire fanfare. Une maison était proche. L’homme avait trop faim. Tant pis ! Il irait là pour mendier, pour voler, pour tuer, s’il le fallait. Il fit tournoyer son gourdin, hâta le pas, et, au bout du sentier, qui tournait brusquement, se trouva devant une petite métairie. Hardiment, il traversa la cour en effarant la volaille, se dirigea vers la maison, très basse et couverte en chaume, et mit la main au bouton de la porte vitrée, qui résista.

— « Holà ! » cria-t-il de toute sa force ; — et, à quelques secondes d’intervalle, il répéta par trois fois : « Holà ! »