entre ses doigts un chapelet bénit par le Pape, a le cœur soulevé de révolte et de blasphème.
Quelquefois, quand le malade s’apaise, c’est, dans la chambre funèbre, à peine éclairée par la lueur pâle de la veilleuse, un silence noir, épais, profond. Seule, la vieille pendule de Saxe, sur la cheminée, fait entendre sa palpitation rapide. Tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic-tac. Et, machinalement, Mme Bernard l’écoute. Comme le temps va vite ! Comme elles courent, les secondes haletantes ! Comme elles se précipitent ! Et vers quel but inconnu ? Tic-tac, tic-tac, tic-tac. Quelle est donc l’heure fatale qu’elles ont tant de hâte d’atteindre ? tic-tac, tic-tac, tic-tac. Qui donc les attend au rendez-vous vers lequel elles galopent de ce train enragé ?— Si c’était la mort ?
Mais, brusquement, Mme Bernard s’est levée. Son fils vient de remuer un peu, il a fait entendre une plainte légère. Elle se penche sur lui, anxieuse, avec un geste qui le couve.
— Comment te sens-tu, mon petit Armand ?... As-tu soif, mon mignon ?... Que veux-tu ?... Dis, je t’en prie !...
Le malade au maigre visage, à la barbe sèche, aux narines pincées, ouvre alors ses yeux qui