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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/383

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fils, tout cela était trop pénible. Elle ne voulait plus y songer ; elle y était presque parvenue.... Et voilà que ce passé honteux et détestable se dressait encore devant elle.

Cette misérable, dont les baisers avaient peut-être été meurtriers pour Armand, osait déposer des fleurs sur sa tombe ! Et de quel droit ? A quel titre ? Parce qu’elle l’avait aimé ? Est-ce que cela peut s’appeler de l’amour, les ardeurs d’une gamine au printemps ? Parce qu’elle l’aimait encore ? Allons donc ! Sensiblerie de grisette, qui n’y pensera plus dans un mois, dans quinze jours, et qui prendra un autre amoureux. Non ! non ! elle ne peut pas souffrir, elle, la mère au cœur percé des sept glaives, que ce bouquet reste à côté des siens ! Sur cette pierre dont elle s’approche, débordante de sanglots et de prières, elle ne veut pas de l’hommage d’une coquine, qui est venue là, en pleurnichant à peine, le cœur plein de regrets impurs ! Au tas d’ordures, au fumier, les fleurs obscènes !

Et Mme Bernard se penche pour prendre les violettes et les jeter au loin ; mais elle n’achève pas le geste commencé.