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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/85

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C’était un de ces révolutionnaires qui, dès que l’émeute éclate, marchent sur la préfecture de police et signent d’abord des mandats d’arrestation ; car l’habitude des sociétés secrètes donne ce goût dépravé, et dans tout conspirateur il y a du mouchard. Comme Agricol Mallet, comme plusieurs autres camarades qui devaient tâter du bagne ou de l’exil, Polanceau, lui aussi, s’était jeté dans la Commune ; mais, heureux ou habile, il en était sorti en temps opportun, les mains pures de sang, un peu comme celles de Ponce-Pilate. Enfin, nommé député et votant avec l’extrême opposition de gauche, il avait rapidement pris, — ayant, en somme, du mérite, et beaucoup, — une place très importante à la Chambre. Encore une crise ministérielle, et certainement ce serait son tour de tenir la queue de la poêle.

— « Mais oui, — disait la veuve du fédéré, de cette voix brisée qui faisait mal à entendre, M. Polanceau a écrit la préface des poésies posthumes de mon pauvre mari... Dam ! c’était tout ce qu’il pouvait pour nous... Vous le savez, il n’est pas bien avec les gens au pouvoir... »

Cependant, j’avais remis à la pauvre femme le prix de ma souscription. Je n’osai faire plus ;