Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t1, 1892.djvu/28

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Je suis peu de leur goût, comme ils sont peu du mien,
Et j’aime autant laisser tranquilles les familles.

SILVIA.
Quoi ! vous ne rêviez pas lorsque les jeunes filles
Vous lançaient en riant les fleurs de leurs corsets ?

ZANETTO.
À quoi bon ? J’envoyais un baiser, & passais.
Et puis, je vous dirai, ma liberté m’est chère.
Si j’aimais, je perdrais cette marche légère ;
Et, tant que je pourrai, je n’aurai pour fardeaux
Que ma plume au bonnet & ma guitare au dos.
Un amour dans le cœur, c’est un si lourd bagage !

SILVIA.
Vous êtes un oiseau qu’on ne peut mettre en cage ?

ZANETTO.
Jamais.

SILVIA.
               Et qui, pourtant, fera son nid un jour,
N’est-il pas vrai ?

ZANETTO.
                                Non, non ! J’ai trop peur de