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Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t4, 1899.djvu/148

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ZÉLIE.

C’est sûr, tout à fait sûr ?Puisque je vous le dis…
Rue Haxo, là, tout près, avec les autres prêtres,
Avant-hier, quand ces gueux étaient encor les maîtres
Du quartier… Un voisin l’a vu, bien vu… L’abbé,
Pour bénir, a levé la main, puis est tombé.
Sa sœur et moi, nous n’en savons pas davantage.
Mais c’est sûr. Quand ils l’ont arrêté comme otage,
Nous disions, elle et moi : « Bah ! nous le reverrons ? »
Car il était aimé dans tous les environs.
Si bon, si charitable ! Un saint !… Ah ! les canailles !

On entend au loin le bruit d’un feu de peloton.
LA VOISINE, tressaillant.

Mon Dieu !

ZÉLIE, se levant.

Mon Dieu !Bien ! Vengez-nous, vous, les gars de Versailles ;
Tuez, massacrez tout ! Ce sera pain bénit.

LA VOISINE.

Mère Zélie !… Oui, c’est des gredins qu’on punit.
Il paraît cependant que c’est une tuerie,
À présent… Le ruisseau, derrière la mairie
Du vingtième, hier soir, était rouge de sang…
Ah ! cela fait frémir !… Et plus d’un innocent…