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Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t4, 1899.djvu/156

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N’osera pas, alors qu’un pareil crime a lieu,
Me vanter la justice et la bonté de Dieu !…

À Zélie.
Tiens ! laisse-moi !
Zélie sort.

Scène III

MADEMOISELLE ROSE, seule.

Tiens ! laisse-moi !Vraiment, est-ce que je vais vivre ?
Car je vis… Et toujours les heures vont se suivre,
Et toujours cette vieille horloge, à petit bruit,
Comptera les instants du jour et de la nuit.
On ne meurt pas du coup d’une chose pareille !
Non, je n’en suis pas morte, et je ne suis pas vieille.
Elle est peut-être loin, cette mort que j’attends.
Je puis durer, qui sait ? cinq ans, dix ans, vingt ans.
Avec cette douleur toujours vive et sanglante,
Qui croîtra dans mon cœur comme une horrible plante
Et me déchirera de ses affreux rameaux !
À la campagne, on tue, au moins, les animaux
Quand ils ne sont plus bons à rien… Mais moi, que faire
Puisqu’ils ont massacré mon cher enfant, mon frère,