Page:Coppée - Contes tout simples, 1920.djvu/11

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que d’explorations lointaines et d’héroïques aventures. Tous les huit jours, il venait à la papeterie prendre le Journal des Voyages, à cause des truculentes images qui représentaient le combat d’un lion et d’un rhinocéros, ou bien un serpent boa absorbant, en pleine forêt vierge, un gentleman vêtu de coutil, avec son casque de liège, ses bottes et sa carabine à deux coups. En acquérant un « Repas d’anthropophages », il fut foudroyé d’amour par la jolie papetière. Mais elle ne répondit point à sa flamme, comme on dit dans les opéras, ne parut même pas s’en apercevoir, et le triste Anatole dut se borner à l’admirer silencieusement, quand elle lui donnait, le samedi matin, une « Chasse aux morses sur une banquise » ou un « Sacrifice humain au Congo ».

Donc, le cœur de l’aimable fille n’avait pas encore parlé, lorsque, un matin, elle vit entrer dans sa boutique, pour y prendre une feuille à cinq centimes, un