Page:Coppée - Contes tout simples, 1920.djvu/22

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juste, aptes tout, car il manquait de conviction, de sincérité, ne prenait pas assez au sérieux ses marquises qui avaient pour père un ébéniste guillotiné et ses ducs qui se promenaient dans les égouts en pelisse de fourrure et en cravate blanche.

Le directeur du Petit Prolétaire, où Jean Vignol publiait ses histoires à dormir debout, le lui disait tout crûment : « Mon cher, on sent que vous n’y croyez pas, » et ne le payait que deux sous la ligne. Le pauvre garçon savait qu’il était supérieur à sa grossière besogne, en souffrait, poussait souvent un gros soupir. Mais quoi ? c’était sa destinée, et, pour faire bouillir son maigre pot-au-feu, il s’épuisait à inventer des aventures de plus en plus extravagantes.

Une fois, par exemple, il n’aurait pu payer deux termes en retard et il eût sans doute été saisi, s’il n’avait, au dern-ier moment, obtenu une avance du directeur du Petit Prolétaire séduit par