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CONTES TOUT SIMPLES

charcuterie pour, son déjeuner ; mes deux sœurs — elles étudiaient la peinture — partaient pour leur atelier, et tandis que la cadette, celle qui devait mourir à vingt-trois ans, hélas ! et que nous appelions alors « la grosse Marie », finissait le ménage, ma pauvre mère s’installait à son petit bureau, près de la fenêtre, et commençait à copier des mémoires de charpente ou de serrurerie pour les entrepreneurs du voisinage. Or j’étais alors un important personnage de six ans, désigné ordinairement par le sobriquet de « Cicis », un gamin maladif vêtu d’un petit caban de drap écossais, à carreaux blancs et rouges, chef-d’œuvre de l’industrie maternelle, dont j’étais très fier. Ma sœur Marie, bien que déjà elle se rendit utile à la maison, n’avait que trois ans de plus que moi, et d’aussi jeunes enfants avaient besoin d’exercice et de grand air.

Aussi, vers midi, la mère Bernu ; une pauvre vieille du quartier, venait nous