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DISCOURS

DE

M. FRANÇOIS COPPÉE





Messieurs,

Au moment où j’ai le redoutable honneur de parler devant vous, je suis assurément très ému ; mais mon cœur, pénétré de gratitude, n’éprouve pourtant aucune crainte. Il circule autour de moi un effluve de sympathie qui m’échauffe et m’encourage. L’Académie, qui est une des rares et glorieuses institutions encore intactes et debout parmi les ruines de la vieille France, tient à ses anciens privilèges, et, en faveur du poète, à peu près banni de la société moderne, elle exerce généreusement le droit d’asile. Chez elle, il se sent en sûreté, dans une atmosphère de bienveillante protection, comme le fugitif des temps mérovingiens sous le cloître paisible de Saint-Martin de Tours. Je me lève donc plein de confiance, me rappelant quel culte vous gardez pour la poésie, confus sans doute d’être un de ses moindres serviteurs, mais certain que vous m’avez choisi comme un des plus fidèles.