Page:Coppée - Discours de réception, 1884.djvu/34

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Et nous rapportions des sommets
Mieux que des vers et des fleurs vaines,
Une foi qui ne meurt jamais,
Et l’amour, ce sang de nos veines,

En cueillant les lis frais éclos,
Ma musé, à ces heures champêtres,
Taillait aussi des javelots
Dans les frênes et dans les hêtres.

Montrez, amis, à quoi vous sert
D’avoir habité son domaine ;
Sortis plus vaillants du désert,
Entrez dans la bataille humaine.

Élevez vos cœurs et vos yeux
Vers les sommets de notre histoire ;
Saluez l’œuvre des aïeux
Et leurs noms rayonnants de gloire.

Pour exciter votre vigueur
Nourrissez-vous de leurs exemples ;
Humbles comme eux près du Seigneur,
Soyez fiers au sortir des temples.

Fuyez, oubliez pour toujours,
Tout prêts à de sanglants baptêmes,
Les fleurs, les chansons, les amours,
Mes chères Alpes elles-mêmes,

Le bleu des lacs si doux à voir,
Les bois, ma vieille idolâtrie...
Tout ce qui n’est pas LE DEVOIR,
Tout ce qui n’est pas LA PATRIE.

Ne soupirons plus mollement.
Fuyons toute lyre énervante.
Arrière le faux sentiment !
Place à la foi ferme et vivante !