Page:Coppée - Contes tout simples, 1920.djvu/10

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atteint ses vingt ans aux dernières giroflées, n’aurait pas eu de peine à trouver un amoureux ; et, bien entendu, pour le bon motif. Mais voilà. Elle était trop fine, trop « demoiselle » pour se contenter du monde, assez vulgaire, du faubourg. Un garçon étalier, qui lui achetait, tous les jours, la Lanterne, fit sa demande et fut éconduit. C’était pourtant un gars superbe, ayant du bien chez lui et qui songeait à s’établir ; mais son tablier souillé de sang fit horreur à la fillette, habituée à ne manier que de menus objets très propres, et qui éprouvait un plaisir instinctif à toucher du papier blanc.

Elle découragea aussi, mais avec douceur et sans avoir l’air d’y toucher, l’amour timide et respectueux dont brûlait pour elle le fils de l’épicier du numéro 24. Il s’appelait Anatole, et, malgré son nez retroussé et son air nicodème, il était plein d’imagination, il ne rêvait