Page:Coquelin et Guillaumin - Dictionnaire de l’économie politique, 1.djvu/475

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résultat de chaque Opération, ou de chaque nature d’opérations, parce qu’on les personnifie pour ainsi dire, on leur demande compte de ce qu’elles doivent, et on leur tient compte de ce qu’on leur doit.

« Je ne sais si dans un développement purement oral, je pourrafvous faire entendre ce qu’il y a de fondamental dans la tenue des livres en parties doubles qui nous vient des Italiens, et qui a été adoptée par toutes les maisons de commerce du monde, lorsqu’elles ont quelque importance. « Le fondement des livres en parties doubles est, comme dans la méthode précédente, le journal; ce registre dans lequel on consigne jour par Jour, heure par heure, s’il le faut, toutes les opérations qui se font dans une maison de commerce, dans une entreprise quelconque ; mais ici la manière dont les articles sont conçus est un peu différente et forme le caractère essentiel de celte méthode. « En toute affaire d’intérêt, il y a transmission d’une valeur; par conséquent, il y a une partie qui donne et une partie qui reçoit; ce qui pour chaque affaire constitue un créditeur et un débiteur. Le créditeur est celui qui se dessaisit de la valeur ; le débiteur est celui en faveur de qui l’on s’en dessaisit. Dès lors, pour représenter complètement chaque affaire, il faut désigner un débiteur et un créditeur, et constater sur chacun de leurs comptes la transmission qui a été opérée. De là la méthode des parties doubles : on y écrit doublement chaque affaire ; on la passe sur deux comptes.

« Ce n’est pas tout. On personnifie certaines affaires, certaines branches de la maison de commerce; on en fait des débiteurs et des créditeurs; de sorte qu’à chaque instant on peut connaître non-seulement les rapports qui existent entre les correspondants et la maison , mais ceux des différents embranchements de la maison entre eux. C’est ce qu’un exemple fera beaucoup mieux comprendre.

« Théophile m’a fait une remise, c’est-à-dire, m’a fait l’envoi d’un effet de commerce payable dans un mois. Mon teneur de livres constatera ainsi cette opération sur le journal. Remises (c’est-à-dire mon compte de remises) doivent à Théophile pour telle et telle transmission ( ici le détail de la somme, de l’effet Ide commerce, de son échéance, de l’accepteur qui doit l’acquitter, etc.) « Lorsque cet article sera rapporté du journal sur le grand livre (c’est le classement des articles du journal ) , il paraîtra dans deux comptes différents : dans celui de Théophile qui sera reconnu créditeur de sa remise, puisque c’est à lui qu’on la doit : et dans un autre compte celui des remises, qui sera établi débiteur du montant de cette même lettre de change. En effet, à qui a-t-elle été confiée? à un personnage fictif, dépositaire d’un porte-feuille où se trouvent les effets non encore échus, et ce personnage fictif doit ce qu’on lui confie jusqu’au moment où il en rend «ompte et où on l’en décharge. Cette écriture met, comme vous le voyez, le négociant à portée de connaître toujours ce qu’il possède en effets de commerce, et de comparer ce qui doit se trouver dans le porte-feuille avec ce qui s’y trouve réellement.

« Lorsque l’échéance de la remise faite par Théophile est arrivée, autre opération qu’il faut de même constater sur les livres de la maison et sur deux comptes différents : on va chez l’accepteur, chez celui qui doit payer l’effet; on en touche le montant, et on le verse dans la caisse. De là un article sur le journal, qui porte :

Caisse doit à remises.

Suit le détail, c’est-à-dire la date, la somme, etc.

« Le compte de remises, qui avait été débité du montant de l’effet, s’en trouve maintenant crédité; il en est déchargé de même qu’une personne réelle qui en aurait été dépositaire et qui l’aurait rendu. Mais en même temps la caisse se trouve constituée débitrice, comme elle l’est de toutes les sommes qui lui ont été confiées, jusqu’à ce que de nouveaux articles l’en aient déchargée. « Lorsqu’on puise dans la caisse pour un achat de marchandises au comptant, c’est alors la caisse qui est créditée de la somme, et le compte de marchandises générales qui en est débité. Ce dernier compte reste débiteur de la valeur de ces marchandises, jusqu’au moment où l’on juge à propos d’en disposer. Supposez qu’on les expédie à un manufacturier de province nommé Chrysès, le journal porte :

Chrysès doit à marchandises générales.

« Et au-dessous de ce titre vient le détail. Lorsqu’on porte cet article sur le grand livre , à chacun des deux comptes de Chrysès et de marchandises générales, on le fait sommairement en une. seule ligne sur la page de droite, si c’est au crédit du compte, et sur la page de gauche, si c’est au débit; et lorsqu’on a besoin d’avoir le détail d’une affaire trop sommairement exprimée sur le grand livre, on revient au journal pour le consulter , et on le trouve facilement, car dans une colonne du grand livre on a soin de consigner le folio du journal d’où l’article est tiré.

« Ici se présente une difficulté. Un article entre au compte de marchandises générales pour le prix auquel elle a été vendue ; mais ces deux prix n’étant presque jamais les mêmes , ce compte ne peut pas, comme celui de caisse, se balancer pai appoint. Les sommes qui en sortent peuvent être plus ou moins fortes que les sommes qui y sont entrées. Cependant, il faut que tous les comptes se balancent par appoint ; car il faut que toutes les personnes, réelles ou fictives, s’acquittent si elles doivent, comme il faut qu’elles soient payées, si elles sont créditrices. On solde donc le compta de marchandises tous les ans , tous les mois , toutes les semaines si l’on veut; et pour cet effet, on additionne la valeur de toutes les marchandises qui s’y trouvent entrées, de toutes celles qui en sont ressorties. S’il en reste en magasin, on les évalue au cours du jour, et l’on en porte le montant au côté du crédit en un seul article, qui représente le produit que donneraient ces marchandises, si l’on voulait les vendre et en décharger leur compte. Le résultat des additions faites d’un et d’autre côté du compte , montre le résultat de cette partie du commerce qui a rapport aux mar-