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Page:Coquelin et Guillaumin - Dictionnaire de l’économie politique, 2.djvu/619

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sciencieuse de l’Économie politique ont été d’excellents citoyens, des amis éclairés et sincères de la liberté ; soit que cette science montre mieux que les autres les effets des mauvaises mesures des gouvernements, soit qu’elle ne permette pas de se faire illusion sur la nature et la valeur des services rendus au public, soit qu’elle empêche de se méprendre sur la véritable source des richesses. J.-B. Say qui, dès 1789, se prononça pour la cause de la liberté[1] et qui la servit par tous les moyens en son pouvoir, est resté fidèle à ses principes jusqu’à la fin de sa carrière ; rien au monde ne l’aurait déterminé à associer son nom à une mesure qu’aurait désapprouvée sa conscience.

La plupart des académies de l’Europe le comptaient au nombre de leurs membres. La tardive réorganisation de la classe des sciences morales et politiques empêcha seule l’Institut de France de réparer à son égard une grande injustice. — (Extrait en grande partie de la notice biographique placée en tête du volume d’Œuvres diverses de J.-B. Say, édition Guillaumin.)

A. Clément.

Traité d’Économie politique, ou simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses, 6e édition, entièrement revue par l’auteur, et publiée sur les manuscrits qu’il a laissés par M. Horace Say, son fils. Paris, Guillaumin et comp., 1841, 1 vol. grand in-8. (Les 4e et 5e éditions étaient en 3 vol. in-8.)

« Cet ouvrage, a dit M. Blanqui, est le principal titre de gloire de notre plus célèbre Économiste. Il a eu cinq éditions successives du vivant de l’auteur, qui les a revues toutes avec un soin infini, il a été traduit dans toutes les langues de l’Europe… De ce livre date réellement la création d’une méthode simple, sévère et savante pour étudier l’Économie politique… Le caractère distinctif des écrits de l’auteur, la lucidité, brille surtout dans les questions qui avaient été embrouillées par les Économistes de tous les temps et de tous les pays, et principalement dans celle des monnaies… Mais ce qui assure une renommée immortelle à l’écrivain français, c’est sa Théorie des débouchés, qui a porté le dernier coup au système exclusif et prépare la chute du régime colonial. Cette belle théorie, toute fondée sur l’observation scrupuleuse des faits, a prouvé que les nations ne payaient les produits qu’avec des produits, et que toutes les lois qui leur défendent d’acheter les empêchent de vendre. Aucun malheur, dès lors, n’est sans contrecoup dans le monde ; quand la récolte manque sur un point, les manufactures souffrent sur un autre ; et quand la prospérité règne dans un pays, tous ses voisins y prennent part, soit à cause des demandes qui en viennent, soit à cause du bon marché qui résulte de l’abondance des produits. Les nations sont donc solidaires dans la bonne comme dans la mauvaise fortune ; les guerres sont des folies qui ruinent même le vainqueur, et l’intérêt général des hommes est de s’entr’aider, au lieu de se nuire comme une politique aveugle les y à poussés trop longtemps. »

(Histoire de l’Économie politique, tome II.)

Voici quelques parties de l’appréciation que faisait Charles Comte de la 2e édition du Traité, avant d’avoir connu personnellement J.-B. Say :

« L’étude de l’ouvrage de M. Say, en faisant voir comment les nations arrivent à la prospérité ou tombent dans la misère, apprendra aux peuples, et par suite aux gouvernements, à mieux diriger l’emploi de leurs moyens. Adam Smith avait développé avec beaucoup de sagacité un grand nombre de vérités sur cette matière ; mais ce n’est que dans les mains de M. Say que l’Économie politique est devenue une véritable science… Son ouvrage a un avantage qu’on ne trouverait peut-être dans aucun autre ; c’est de joindre l’étendue et la profondeur des vues à la clarté et à la méthode qui doivent distinguer tout bon Traité scientifique. »

(Censeur européen, 1817, t. I, pages 225 et 226.)

Cette 6e édition du Traité forme le tome IX de la Collect. des princip. Économistes.

Cours complet d’Économie politique pratique, outrage destint à mettre tous les yeux des hommes d’État, des propriétaires fonciers et des capitalisas, des savants, des agriculteurs, des manufacturiers, des négociants, et en général de tous les citoyens, l’Economie des sociétés, 3e édition, augmentée de notes par Horace Say, son fils, 2 vol. grand in-8. Paris, 1852, Guillaumin et comp. (La 1re édition formait 6 vol. in-8. — La 2e édition a été publiée en 1840. Paris, Guillaumin, 2 vol. grand in-8.)

Toutes les qualités qui distinguent le Traité se retrouvent dans le Cours complet ; mais ce dernier ouvrage donne beaucoup plus de place à l’exposition des conséquences que l’on peut tirer des principes de la science, et les nombreuses applications qui y sont présentées portent sur les sujets les plus intéressants et les plus propres à faire sentir combien les lumières de l’Économie politique sont indispensables pour apprécier sainement toute question d’intérêt public ou social. On peut d’ailleurs observer dans le Cours le même mérite de méthode que dans le Traité ; les faits y sont exposés dans l’ordre même où ils s’engendrent ; l’esprit du lecteur suit le professeur sans efforts, parce que ses idées se lient comme les phénomènes qui en sont le sujet ; seulement l’étude du Traité permet de saisir plus facilement l’ensemble des principes, parce que les applications y sont moins développées.

Le Cours complet forme les tomes X et XI de la Collect. des princip. Économistes.

Œuvres diverses, contenant le Catéchisme d’Économie politique, la Correspondance générale, Olbie, le Petit volume et Divers opuscules publiés ou inédits, précédées d’une notice sur la vie et les travaux de l’auteur, avec des notes par Ch. Comte, Eugène Daire et Horace Say. Paris, Guillaumin et comp., 1848, 1 vol. grand in-8 de 766 pages, avec le portrait de l’auteur gravé par Hopwood.

Les Œuvres diverses forment le tome XII de la Collect. des princip. Économistes.

C’est une heureuse idée que celle d’avoir réuni en un seul volume cette collection des travaux accessoires de l’illustre Économiste français ; car plusieurs morceaux qui n’auraient pas comporté une réimpression isolée, et qui se recommandent à différents titres, pourront ainsi être conservés.

Le Catéchisme, inséré en tête des œuvres diverses, forme la 5e édition de cet ouvrage. Il est suivi de quatre Discours d’ouverture des Cours, prononcés au Conservatoire des arts et métiers en 1820 et 1828, et au collège de France en 1831 et 1832 ; puis, d’un Discours et d’un Rapport au Tribunat.

L’écrit intitulé : De l’Angleterre et des Anglais, est l’un des plus intéressants et des plus remarquables de cette collection ; il est suivi de celui publié en 1818 sur les Canaux de navigation, de l’article sur la Balance des consommations avec les productions, de l’Examen critique d’un discours de M. Mac Culloch, du Commentaire sur le cours d’Économie politique d’Henri Storch, d’un piquant article sur les Erreurs où peuvent tomber les bons auteurs qui ne savent pas l’Économie politique, et d’un Fragment inédit sur la Théorie de M. Ferrier sur l’argent-monnaie, capital par excellence.

La seconde partie comprend les Lettres à Malthus, la Correspondance avec Dupont de Nemours, Étienne Dumont, Ricardo, Malthus. Tooke, Jefferson, etc. ; quelques études du mœurs extraites de la Décade philosophique, Olbie, le Petit volume, et elle se termine par un remarquable Essai sur le principe de l’utilité.

Catéchisme d’Économie politique, ou instruction familière qui montre de quelle façon la richesses sont produites, distribuées et consommées dans la société. 4e édition, revue et augmentée de notes et d’une pré-

  1. Son premier essai littéraire fut une brochure, publiée en 1789, en faveur de la Liberté de la presse.