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des églises du désert.

Court lui-même, des immenses difficultés qu’il eut à vaincre, et aussi de l’urgence d’une école dont on lui dut en grande partie la création.

« Une chose essentielle manquait, disait-il, c’était des prédicateurs ; un seul de tous ceux qui existaient alors pouvait me seconder, et il le fit efficacement : il s’appelait Corteis. Il ne s’était point trouvé à la première assemblée synodale que j’avais convoquée, parce qu’il était alors auprès de sa femme dans les pays étrangers. À son retour, il n’approuva pas seulement ce que j’avais fait ; il entra aussi dans toutes les vues que je me proposais pour l’avenir, et il fit tout ce qui était en son pouvoir pour les faire réussir. Tous les autres prédicateurs étaient des gens d’un certain âge et peu capables. Celui de tous qui pouvait nous donner quelque espérance nous fut enlevé en 1717, et il souffrit le martyre à Alais en janvier 1718[1].

« C’est alors que mes vues se tournèrent de tous côtés, pour déterrer des jeunes gens qui voulussent se prêter aux vues que je me proposais. J’en tirai de la charrue, des boutiques des artisans, de celles des marchands et de derrière les bancs des procureurs. Il y en avait qui ne savaient pas même lire, et à qui je servis tout ensemble et de maître d’école et de catéchiste pour les instruire dans la religion. En leur apprenant celle-ci, je les formais en même temps à la prédication. Plusieurs dans la suite furent faits ministres et servirent utilement les églises.

« Mais le nombre était peu considérable, et la moisson devenait tous les jours plus abondante. Ce fut à cette époque que je commençai d’écrire dans les pays étrangers pour leur demander des ministres. Ce

  1. Le pasteur Étienne Arnaud, condamné au gibet et exécuté à Alais, le 22 janvier 1718, sous la régence de Philippe d’Orléans.