liaison avec le maréchal d’Albret, parent de Mme de Montespan, et qui présenta la veuve de Scarron à la favorite du jour, elle s’occupa sans relâche à convertir sa famille à la foi catholique. Elle jeta d’abord les yeux sur le marquis de Villette, son cousin ; mais celui-ci, parce qu’il résistait aux obsessions, fut éloigné de Versailles, et reçut l’ordre de faire un voyage de long cours. La veuve de Scarron ayant fait éloigner le père, put tout à l’aise séduire ses enfants. Elle emmena à Saint-Germain l’une des filles, sa petite cousine, Mme de Caylus, qui nous raconte ainsi sa conversion. « Je pleurai d’abord beaucoup : mais je trouvai le lendemain la messe du roi si belle, que je consentis à me faire catholique, à condition que je l’entendrais tous les jours et qu’on me garantirait du fouet. C’est là toute la controverse qu’on employa et la seule abjuration que je fis[1]. » Bientôt les deux frères de Mme de Caylus, petits-fils par leur mère du grand d’Aubigné, furent acquis à la foi dominante, l’un par une charge de cornette aux chevau-légers, et l’autre par le commandement du régiment de la reine-dragons ; leur père suivit cet exemple, et, à ce qu’il paraît, avec plus de conviction. Tels furent les premiers succès qui, réunis à un esprit agréable et à une figure distinguée, recommandèrent la veuve de Scarron à l’amitié de Louis XIV.
Mais le grand roi eut bientôt l’occasion de mieux profiter de son zèle. Il commençait à vieillir. Ses amours, d’abord inspirés par la volupté, tendaient à se purifier par des attachements dévots. Ce fut alors que la veuve de Scarron, nommée dame d’atours de la dauphine de Bavière, ensuite dame du palais de la
- ↑ Souv. de madame de Caylus.