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des églises du désert.

indignes de la chaire chrétienne. Quand il parla des grands, ce fut suivant la pensée religieuse que Dieu seul est grand. Pour résumer ce tableau, ce qui fera toujours de ses sermons la lecture favorite des gens de goût et des penseurs, c’est qu’ils ont beaucoup d’élévation, une grande manière de style, une appréciation vigoureuse des passions et du cœur, la douloureuse énergie et regret d’un exilé, et enfin un certain degré de liberté politique : ce sont ces qualités réunies qui ne se trouvent chez aucun autre orateur du siècle de Louis XIV.

Même d’après cette esquisse, on peut se figurer toute la perte qu’éprouvèrent les églises du désert lorsqu’elles pleurèrent le grand prédicateur de La Haye. Ses dernières relations avec elles jettent même quelques lumières sur leur histoire. On peut les recueillir dans ses lettres qu’il intitula l’État du Christianisme en France, et qui ne répondent pas fort 1725. exactement à leur titre[1]. Son livre ne s’est pas étendu au-delà de la première partie de son plan ; les lettres qu’il fit paraître dans les années qui précédèrent sa mort (12 janv. 1726 — 22 fév. 1727) roulent sur la controverse contre l’autorité et contre les miracles catholiques. Ce dernier point est abordé à propos d’un mandement du cardinal de Noailles, du 1er  août 1725, dans lequel l’archevêque de Paris célèbre l’éclatant miracle qui guérit une dame de La Fosse d’une cruelle hémorrhée, miracle qui fut opéré dans la paroisse de Sainte-Marguerite du faubourg Saint-Antoine de Paris, et qui frappa de son évidence plusieurs nouveaux réunis et nouvelles réunies de la

  1. L’état du Christianisme en France, divisé en trois parties, ou Lettres adressées aux catholiques romains, aux protestants temporiseurs et aux déistes. La Haye, in-8o