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des églises du désert.

aveuglément à des sévérités qui eussent probablement eu les suites les plus funestes et pour eux-mêmes et pour l’État.

« Agréez, Monsieur, que j’aie l’honneur de vous envoyer une copie pareille à celle que j’ai reçue sous le pli de monseigneur le cardinal de Fleury, d’une lettre écrite à Son Éminence sur le mauvais état où l’on prétend que les affaires de la religion se trouvent dans cette province. Il y a longtemps qu’on a fait de pareilles représentations à la cour ; j’en ai reçu moi-même, et j’ai lieu de croire qu’elles viennent de la part de quelques curés des Cévennes ou des environs, parce que je sais qu’il y en a de ces côtés-là quelques uns qui n’ont pu encore se bien rassurer sur les inquiétudes qu’ils ont prises pendant le temps de la guerre. Les nouveaux convertis se montraient effectivement alors avec un peu plus de hardiesse, parce qu’ils n’étaient pas contenus par la présence des troupes. Cependant il n’est pas venu à ma connaissance qu’ils aient rien fait qui annonçât de la révolte, et il y a bien moins lieu d’en craindre présentement. D’ailleurs, je ne sache pas qu’il se fasse rien d’extraordinaire, ou qui doive donner de l’inquiétude à l’État. Ainsi ces curés n’ont pas raison de commencer comme ils le font leur mémoire par dire à son éminence que les lois de la religion et de l’État sont plus méprisées et plus impunément violées qu’elles ne l’étaient dans le temps des troubles des Cévennes. Ce qu’ils exposent sur les autres désordres est aussi un peu trop exagéré.

« Nous savons, pour ce qui concerne le premier article, qu’il y a toujours des prédicateurs qui parcourent les cantons suspects, et il est vrai de dire que ce sont eux qui soutiennent et fomentent l’erreur. Mais leur nombre n’est pas, à beaucoup près, aussi