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des églises du désert.

de la publication de la présente ordonnance, tous les manuscrits, catéchismes, sermons, prières et autres livres à l’usage de la religion prétendue réformée, sous quelque dénomination qu’ils pussent être, pour être, lesdits livres ainsi déposés, brûlés en la présence des sieurs commandants ou intendants ; qu’après ledit délai de quinze jours, il sera fait une recherche exacte desdits livres dans les maisons de tous les nouveaux convertis, et que tous ceux chez lesquels, au préjudice de la présente ordonnance, il en sera trouvé, soient, pour la première fois, condamnés à une amende qui sera arbitrée par le commandant, et, en cas de récidive, à trois ans de bannissement et une amende, qui ne pourra être moindre que du tiers de leurs biens. »

Tel fut l’ordre qui sortit du sein du Conseil du roi de France, où brillaient alors les sciences et les lettres, l’érudition élégante des Rollin, le savoir sérieux des Freret, et la muse pindarique de Jean-Baptiste Rousseau. Cet ordre du cabinet de Versailles ressemble à une mesure du saint-office d’Espagne. Toutefois il ne resta pas stérile entre les mains des gouverneurs du Languedoc. Les troupes, après avoir fait la guerre aux assemblées des protestants, se mirent à la faire contre leurs livres. Les maréchaussées se répandirent chez les religionnaires languedociens. On les dépouilla de tous les livres. Un certain nombre vint livrer les volumes proscrits, aimant mieux sacrifier leur bibliothèque que de s’exposer au bannissement et à la confiscation des biens. Tout ce qu’on trouva fut brûlé en divers lieux sur les places publiques. À ces absurdes exécutions, il se mêla une sorte de sacrilège ; un grand nombre de Bibles et de Nouveaux Testaments périrent dans les flammes ; il est vrai qu’ils étaient de