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des églises du désert.
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qu’ils ne peuvent abandonner leurs assemblées, parce que la liberté de conscience est un droit essentiel à l’homme ; noble langage, qui toutefois ne pouvait être compris alors à la cour de Versailles. Le tableau qu’ils tracent de leurs maux donne plusieurs révélations curieuses sur leur état, surtout sur cet usagé auquel ils étaient réduits, de prendre des espèces de parrains et marraines de louage pour présenter leurs enfants aux fonts catholiques, et l’originalité avec laquelle ils relèvent l’incohérence des pratiques des prêtres qui, aux termes des édits, se montraient aussi prompts à imposer l’Eucharistie aux malades protestants qui ne la demandaient pas, que disposés à refuser le sacrement aux époux qui le demandaient. Ils ne manquent pas non plus, selon l’usage constant de toutes les requêtes qu’ils ne cessaient de présenter, de joindre la raison d’état à la raison de conscience, de répéter que les déclarations sévères constituaient un véritable bannissement, et que la douceur aurait pour résultat de rappeler une foule de fugitifs industrieux. Ce simple et énergique langage ne fut pas même écouté par la cour, alors absorbée par les soins et les pertes d’une guerre acharnée, la cour qui venait d’envoyer débarquer en Écosse le chevaleresque prince Édouard pour offrir la légitimité catholique aux protestants de la Grande-Bretagne.

Il est donc facile de voir que c’était surtout contre le fait des assemblées que les poursuites religieuses étaient dirigées. Ces rassemblements gardés par des sentinelles et mystérieusement convoqués, qui se tenaient dans des lieux écartés, et que les courses des troupes obligeaient souvent de cacher au milieu des nuits, ressemblaient trop à des réunions sédi-