en prévint le retour, et qu’après cet événement, plusieurs années s’écoulèrent sans que le ministère évangélique des églises du désert eût fourni une nouvelle victime.
1745.
12 décemb.Le ministre Matthieu Majal, qui avait pour surnom
Desubas[1], fut arrêté dans la maison d’un de
ses frères pendant la nuit. Cette capture se fit au lieu
de Mazel, près de Saint-Agrève, où aussitôt le commandant
vint l’interroger. Il lui demanda son nom et
s’il avait de l’argent et des vivres ; à l’égard de ses registres,
le ministre répondit qu’il ne pouvait dire où
ils se trouvaient : « par la crainte qu’on ne fît du mal
à ceux entre les mains de qui ils étaient. » On le fit
ensuite partir pour Vernoux. Lorsqu’il passa avec
l’escorte dans le petit village de Cluac, il fut reconnu
par un de ses fidèles, nommé Étienne Gourdol. Ce
protestant, saisi de la plus vive douleur de voir un de
ses pasteurs entre les mains des soldats, ameuta sur
le champ seize ou dix-sept personnes pour aller réclamer
sa liberté auprès de l’officier commandant l’escorte.
Il se mit à leur tête, et atteignit le détachement
à un quart de lieue de Vernoux dans le bois de
Trousse. Là, ces imprudents fidèles demandèrent à
l’officier de relâcher le pasteur ; ce que n’ayant pu
obtenir, il embrassa « résolument » son ministre, en
déclarant qu’il le voulait. L’officier du détachement,
ainsi attaqué, fit feu sur les agresseurs : cinq des protestants
furent tués. L’infortuné Desubas reçut un
coup de baïonnette.
Après cette malheureuse rencontre, le prisonnier et l’escorte arrivèrent à Vernoux, où de bien plus
- ↑ Desubas était le nom du lieu de la naissance du ministre, paroisse de Vernoux, diocèse de Viviers.