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mais où il est évident cependant que les protestants s’étaient organisés en un attroupement de rebelles soulevés contre la loi, contre une loi barbare.

Les pasteurs du désert condamnèrent hautement cette conduite. Le ministre captif lui-même contribua beaucoup à calmer la colère des habitants. On ne sait jusqu’où les malheurs auraient pu s’étendre sans son intervention ; car le lendemain de cette scène sanglante, l’agitation fut générale dans les montagnes. La jeunesse des Boutières et des autres lieux les plus 13 décemb.inaccessibles, se rassembla. Elle se munit d’armes cette fois, et elle se présenta en force le lendemain devant le faubourg de Vernoux. Heureusement, elle se borna à menacer et à réclamer la liberté de son ministre. Mais le pasteur Desubas, du fond de sa prison, trouva moyen de faire circuler dans la foule un billet ainsi conçu : « Je vous prie, Messieurs, de vous retirer ; les gens du roi sont ici en grand nombre, il n’y a eu déjà que trop de sang répandu ; je suis fort tranquille et entièrement résigné aux volontés divines. » Ses collègues, ayant appris ce qui se passait, et l’agitation de la population, accoururent vers la troupe armée, pénétrèrent dans ses rangs, et joignant leurs prières à celles du prisonnier, ils obtinrent que les fidèles de leurs églises abandonneraient tous desseins hostiles. Les pasteurs réunis écrivirent aussitôt aux officiers des troupes stationnées à Vernoux, et leur dirent « qu’ils étaient très-fâchés de ce qui était arrivé ; que, comme ils s’étaient trouvés éloignés, ils n’avaient pu le prévenir : mais qu’ils feraient tout ce qui dépendrait d’eux pour qu’il ne parût plus de leurs gens en armes. »

Cependant l’agitation produite par les fusillades de Vernoux n’était point près de se calmer encore. La