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histoire.

heurs. Toutes les requêtes restaient sans réponse, se perdaient dans les bureaux, ou n’obtenaient que le mépris des ministres. On résolut de prendre des mesures plus nettes, et de révéler à la cour, et les maux qui accablaient les protestants, et le danger de les pousser trop loin. Les communications entre l’agence générale des églises à Lausanne, et les pasteurs du midi de la France, révèlent cette tendance de la manière la moins douteuse. À la fin de 1746, Antoine Court communiquait ainsi ses idées aux églises du midi : « Le parti que je propose, et dans lequel je m’affermis, ne renferme point de menaces indirectes. Il expose seulement un fait, dont la bonne politique doit craindre les suites, et que tout le zèle et toute la fidélité des ministres ensemble ne sauraient se promettre d’empêcher ou de prévenir. Ce fait, c’est l’état de souffrance sous lequel gémissent une infinité d’innocents malheureux. Les suites qui en peuvent résulter sont celles que produit un désespoir qui s’élève au-dessus de toute considération humaine, au-dessus de la religion même. Et oseriez-vous répondre que la désolation de tant de familles ruinées, que celle de tant de personnes aujourd’hui errantes, condamnées à des peines infamantes, à des amendes exorbitantes et ruineuses, où se trouvent plusieurs gentilshommes même ; que celle de tant d’autres, dont on a rasé les maisons, massacré les parents, et celle enfin de tant d’autres, qui ne trouvent ni repos, ni sûreté nulle part ; oseriez-vous, dis-je, répondre que l’état funeste dans lequel se trouvent tant de malheureux ne les jetât dans le désespoir, et que le désespoir ne les portât à des démarches dont la bonne politique doit craindre les suites ? Tout ce dont les ministres peuvent répondre, c’est qu’ils ne cesseront d’affermir leurs