Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
398
histoire.

sives et des frais exorbitants, qui errent dans les déserts et les campagnes, qui ne trouvent de repos ni de sûreté nulle part, qu’on a privés de leurs biens, dégradés de leur noblesse, condamnés au supplice des scélérats, de qui on a rasé les maisons, enlevé les femmes et les enfants, ou plutôt de qui l’on a massacré et tué, à l’un son père, à l’autre sa mère, à l’autre son plus proche parent, et qui se trouvent tous les jours menacés de traitements encore plus rigoureux ; à qui on ne cesse de dire qu’une fois la paix faite, il n’y aura plus de sûreté pour eux, et qu’on ne regarde que comme des victimes dévouées à une fatale destruction : une telle situation ne peut faire sur ces gens, faits comme les autres hommes, et, par conséquent, non insensibles à tous les maux qui les accablent, que les impressions les plus fortes. Le présent ne leur promettant rien de favorable, l’avenir ne leur offrant rien que de tristes et sanglantes scènes, qui vont décider leur ruine, le désespoir ne peut que naître et sortir du cœur de tant de malheureux, errants, fugitifs, persécutés, menacés, qui cherchent à sauver leur vie par les premiers moyens qui se présentent, et qui ne craignent plus rien et hasardent tout, quand ils sont en danger de la perdre… Tous ces exemples de sévérité rassemblés rendent l’état des protestants plus malheureux et plus déplorable que celui d’aucun des peuples qui vivent aujourd’hui sur la terre. Pourrait-on concevoir un état plus malheureux que celui d’un peuple nombreux et fidèle, à qui il est également, et sous les mêmes peines, défendu de servir Dieu dans le royaume, suivant les lumières de leur conscience, et d’en sortir pour aller s’acquitter de ce devoir dans les pays étrangers de leur communion, et à qui il ne reste, si on s’en tient aux édits,