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des églises du désert.

daient, avec raison d’ailleurs, comme les instigateurs des assemblées. Si les premiers et les plus rigoureux édits de Louis XIV furent conçus et rédigés avec une violence et une généralité d’exécution, où se peint cet esprit prêtre, pour qui les impossibilités temporelles ne sont rien, on éprouva bien vite la nécessité impérieuse de les modifier, dès que l’administration fut mise en demeure de les appliquer sérieusement.

Les faits que nous venons de rapporter donnent la mesure de l’esprit administratif des intendants.

De temps à autre, ils condamnaient à mort, et faisaient exécuter un ministre du désert. La fin glorieuse de ces victimes de la tyrannie et du fanatisme encourageait les fidèles, loin de les abattre. Il est bien probable que l’administration s’aperçut de ce fait, et qu’il la disposa à montrer moins de rigueur. En effet, dans l’espace de trente-quatre ans, de 1718 à 1762, depuis le supplice d’Étienne Arnaud à Alais jusqu’à celui de François Benezet à Montpellier, sept pasteurs couronnèrent leurs travaux évangéliques par le martyre. Mais ce chiffre, excessif quand on songe à l’innocence des victimes et à la barbarie des juges, formait une bien minime portion du nombre total de ces hommes courageux, si connus dans le Languedoc, qui, par les assemblées qu’ils tenaient ainsi que par leurs fonctions et courses perpétuelles, se présentaient sous mille formes aux recherches des polices militaires et administratives. Il est probable que plus d’une fois les intendants craignirent eux-mêmes les suites de semblables captures.

Les raisons que les fidèles du désert donnaient pour s’obstiner à tenir leurs assemblées en dépit des édits, n’ont guère besoin d’être exposées. Ils faisaient ressortir qu’il était de leur devoir d’édifier tout le