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que m’a causée votre lettre. La date même m’a fait un plaisir extrême aussi bien que les noms signés. Je bénis Dieu de ce qu’il a commencé son œuvre parmi vous. Toutes les règles de discipline que vous observez sont conformes à celles de nos pères, dont Dieu a béni les soins et les courageux efforts. » (Lett. du 18 juill. 1719). L’approbation de ce ministre ne fut pas un faible encouragement pour mes compagnons et pour moi ; elle servit encore à nous mériter celle de plusieurs de nos frères, qui n’entraient pas dans toutes nos idées, »

Tel fut le dessein étonnant, conçu et exécuté par le jeune Antoine Court. La seule idée d’un projet si délicat, à un âge aussi tendre, et chez un enfant pour ainsi dire, est une chose extraordinaire. La prudence et la sagesse qu’il montra touchant les mesures à prendre, ne le furent pas moins. On ne peut qu’admirer l’esprit de logique, qui le porta avant tout à éclairer le peuple et à combattre des sectaires exaltés. Il reconnut avec évidence que l’objet capital était de donner une organisation commune aux débris des églises, et de leur imprimer une marche uniforme qui pût protéger la foi et réprimer tout excès. Et cependant que de difficultés, que de périls venaient de toutes parts contrarier un tel dessein. Ce n’était pas encore assez qu’une foule d’édits persécuteurs défendissent les assemblées sous peine de galères, et frappassent tout ministre de condamnation à mort ; de plus, et grâce aux mesures de police des intendants, il y avait une foule d’individus malveillants, de délateurs soudoyés par la cour, qui s’étaient glissés dans les églises. Il fallait rappeler au bercail le troupeau dispersé, abattu et timide, en partie livré aux égarements du fanatisme. Il fallait fonder une hiérar-