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des églises du désert.

dée iii, alors duc de Savoie, celui qui, à la fin du siècle, vit tous les lauriers de sa maison ternis par l’étoile de Bonaparte. Notre seconde lettre est de Paul Mercier, bourgeois du Mas d’Azil, pays de Foix, qui fut condamné à vie par l’intendant du Roussillon, en 1749, pour avoir été aux assemblées ; nous donnerons un extrait de la lettre touchante que ce galérien écrivit au pasteur Lafond : « Votre lettre, dit Mercier, me rappelle le synode provincial où j’eus l’honneur d’assister, en 1748, en qualité de député des églises de la haute comté de Foix, où il fut décidé que vous nous seriez donné pour rester chez nous ; je commençais alors à me réjouir d’avance du plaisir que j’aurais eu de profiter de vos sages exhortations ; mais Dieu, qui dirige toutes choses suivant sa volonté, voulut non seulement me priver de cette satisfaction, mais encore m’affliger, par la perte de ma liberté, et me séparer peut-être pour toujours d’une chère épouse et de quatre enfants qu’il lui avait plu de me donner. Le bon Dieu veuille être apaisé envers moi, et me faire la grâce de reconnaître de plus en plus le cas pour lequel je souffre, afin de persévérer, jusqu’à ce qu’il lui plaira de m’en délivrer ; c’est une des grâces particulières que je lui demande journellement » (Lettr. de Toulon, 30 sept. 1753. Mss. P. R.).

Enfin, nous désirons surtout faire connaître la plus longue et la plus douloureuse de ces épîtres des confesseurs ; elle fut écrite également au pasteur Lafond par Isaac Grenier de Lasterme, gentilhomme de Gabre, diocèse de Rieux, en Languedoc, condamné à vie par l’intendant d’Auch, le 5 février 1746, « pour avoir été aux assemblées. » Ce protestant vénérable avait soixante et seize ans lorsqu’on l’envoya pour subir sa sentence au bagne de Toulon. Nous copions la lettre en entier :