Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
450
histoire.

jours à opprimer le plus faible, d’une répression sévère contre ceux qui troubleraient le repos public, quels qu’ils fussent (Cop. Mss. P. R.).

On ne peut qu’être frappé de la justice et de l’esprit de modération qui présidaient à ces propositions, lesquelles eussent épargné tant de maux aux églises et à la patrie, si elles eussent été accueillies. Les suppliants les appuyaient de plusieurs considérations tirées de la nécessité d’assurer l’ordre public et de suivre la voix d’une politique sage. Les motifs qu’ils donnaient n’étaient pas moins logiques que leurs prétentions n’étaient avouées par l’équité la plus simple. Ils faisaient remarquer aux plénipotentiaires qu’il était désormais impossible d’espérer de parvenir, jamais à détruire la religion protestante de France par la force ; « qu’en continuant d’employer la rigueur on fera des malheureux à pure perte, qu’on commettra mille cruautés qu’il faudra soutenir par d’autres, et les secondes seront tout aussi inutiles et plus criminelles que les premières »[1] ; que les protestants pourraient faire valoir leur fidélité inviolable, qui ne s’était point démentie dans le fort de la persécution, lorsque « des mouvements irréguliers » de leur part auraient été le plus à craindre ; que si leur souverain pouvait lire au fond de leur cœur il y verrait tous les sentiments dont ils sont animés pour sa

  1. Il y a une bien frappante analogie entre cette énergique pensée du mémoire en faveur des protestants, présenté au congrès d’Aix-la-Chapelle, et les beaux vers de Racine, où Burrhus donne les mêmes leçons au jeune tyran, son élève.

    Mais si de vos flatteurs vous suivez la maxime,
    Il vous faudra, seigneur, courir de crime en crime,
    Soutenir vos rigueurs par d’autres cruautés,
    Et laver dans le sang vos bras ensanglantés.
    Et laver dans le sang vos bras ensan(Britannicus.)