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histoire.

nues dans les couvents de Valence furent remises à leurs parents, sans conditions ; plusieurs prisonniers furent aussi élargis : « Voilà du bon et du mauvais, disait le ministre Joseph Picard, de la Saintonge ; c’est beaucoup dans un aussi méchant siècle. » (Lett. du 21 oct. 1748.) À la même époque les églises firent une perte d’un autre genre et bien plus sensible, ce fut la mort du pasteur Barthélemy Claris. Cet homme courageux, l’un des plus actifs et des plus distingués de tous ceux qui prêchaient dans le désert, termina ses jours d’une manière tranquille, dans un âge peu avancé, après avoir échappé au martyre qu’il brava tant de fois (décembre 1748). Le style de sa correspondance atteste que chez lui l’esprit était aussi orné que la foi était intrépide et ferme.

1749.La première année de la paix générale signée à Aix-la-Chapelle ne vit point de changements notables dans le sort des protestants français. Le départ du duc de Richelieu, pour tenir les états du Languedoc, fit concevoir de nouvelles espérances aux réformés. Cet homme, d’un caractère si bizarre, intrépide général, habile négociateur, brave et débauché à l’excès. Mécène des gens de lettres, tant idolâtré par Voltaire, qui l’appelle sans cesse mon héros, ne parut pas ostensiblement fort touché du sort des infortunés protestants. Quelque sages que fussent ses dépêches privées pour la cour, sa conduite effective en Languedoc, Provence et Guyenne, touchant les religionnaires, n’est pas le plus beau côté d’une carrière si brillante. Au commencement de l’année, plusieurs prisonniers du comté de Foix furent condamnés aux galères perpétuelles ; dans le haut Languedoc, un gentilhomme, M. de Palleville, et son épouse, furent arrêtés à leur château, près de Revel,