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des églises du désert.

gouvernement, tenaient à un seul point, l’existence des ministres. C’étaient eux qui principalement ralliaient les troupeaux, qui maintenaient la ferveur religieuse, et qui empêchaient les communautés de se fondre lentement dans la masse catholique.

Pour bien faire apprécier, à la moitié du siècle, après tant de persécutions, l’organisation ecclésiastique des églises, nous ajouterons plus bas le texte complet des minutes du Synode National de 1756, parce que c’est le seul de notre nombreuse collection mss. avec celui de 1763, qui donne, selon l’ancien usage, le rôle complet des pasteurs qui desservaient les églises du désert. On sera sans doute bien aise de lire textuellement un de ces documents, avec toutes ses dispositions disciplinaires, et d’avoir sous les yeux la liste officielle de ces hommes dignes de mémoire, qui étaient sans cesse proscrits par les édits de Louis XIV (Pièc. Just. n. viii).

D’ailleurs, l’habile et sévère organisation synodale depuis la guerre des Camisards, organisation en tout semblable à celle des anciens temps, qui avaient donné tant de puissance au parti calviniste ; les prédications fréquentes ; le séminaire de Lausanne où de nouveaux sujets se formaient chaque jour ; enfin la correspondance officielle de cinq ministres avec l’intendant : tels furent sans doute les motifs de ce redoublement de persécution, qui vint fondre sur les églises de France, et qui commença pour elles un nouvel intervalle d’environ douze ans de malheurs plus ou moins constants, entrecoupés de périodes de calme plus ou moins prolongées, dans l’espace desquelles elles comptèrent leurs derniers martyrs. Nous verrons comment la guerre des Camisards faillit se rallumer.