dans ce temps de l’histoire de France, le conseil de
nos rois, servile conservateur des édits de Louis XIV,
resta trop fidèle à ses funestes traditions. La plus
notable amélioration sortit du cœur d’un soldat. Elle
fut suggérée sans doute par les souvenirs d’une guerre
qui se rattache à l’époque que nous avons parcourue.
En 1746, le maréchal de Belle-Isle avait été chargé de
repousser les Autrichiens des plaines de la Provence ;
il avait vu de près les églises du désert ; il avait été
témoin de leur fidélité. Il s’en souvint lorsque, plus
tard, il signala son passage au ministère de la guerre
1759.
21 juillet. par la création de l’ordre du Mérite militaire, pour
les officiers protestants que l’obligation de prêter un
serment tout catholique éloignait de la croix de
Saint-Louis. Ce fut la seule mesure du gouvernement
de Louis XV, où le monarque parut faire un pas vers
la reconnaissance officielle de quelques droits chez
des protestants au service de France. Encore cette
tardive justice fut-elle restreinte à de braves étrangers
qui combattaient sous les lys, tels que les Nassau-Saarbruck
et les Wurmser, tandis que les militaires et
la noblesse protestante française ne purent pas encore
aspirer à ce prix du sang versé pour leur patrie. Nos
anciennes familles nationales, restées fidèles à la réformation,
telles que les Ségur-Pardaillan, et tant
d’autres, durent se contenter de leur épée pour décoration
d’honneur. Mais, au moins, l’on doit reconnaître,
que, dans cette fondation de l’illustre général,
qui acquit la Lorraine à la France, il y eut une pensée
d’égalité pour ses camarades de l’autre foi.
Des idées de ce genre ne parurent point s’offrir aux plus illustres philosophes du temps. Au milieu des sauvages dévastations par lesquelles les commandants pour le roi réprimèrent les espérances des églises du