Et, pour abréger, toutes ces lois gênent la conscience des protestants, en les obligeant de renoncer à leur croyance ; elles sont souverainement vicieuses, si elles se contentent d’en faire des hypocrites.
Voilà un effroyable code, et il y a loin de cette législation à celle de la Pensylvanie et de Massachusets-Bay. Il est cependant en France des gens qui ne voient pas la nécessité de les abroger ; cette subversion de toute justice ne les étonne point. D’autres disent froidement qu’elles sont tombées en désuétude. D’abord, cela n’est pas vrai ; il s’en exécute toujours quelqu’une quelque part ; car il suffit qu’un homme lâche et bas les invoque, pour que des juges formalistes, surtout dans les tribunaux inférieurs, ne veuillent ou n’osent se refuser à leur exécution. Mais ne voit-on pas qu’elles effraient les protestants, qu’elles détournent les étrangers de s’établir en France et les fils des réfugiés d’y rentrer ; qu’elles contrastent avec la politique européenne et la douceur française ; qu’il ne faut qu’un ministère faible ou dur pour les remettre en vigueur ; que si elles sont tombées en désuétude, il faut les abroger comme inutiles ; que si elles n’y sont pas tombées, il faut les abroger, parce qu’elles sont atroces ; qu’il y a mille raisons pour les abolir, et pas une pour les conserver.
Je n’ai rien dit des horreurs qu’a occasionnée l’exécution de ces lois frappant à tort et à travers sur deux millions d’hommes : les galères ont été longtemps remplies de protestants, les