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Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/55

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des églises du désert.

jours plus tard eut lieu, par les ordres du roi, « la grande résurrection du Tartuffe » (troisième placet de Molière, du 5 février 1669).

En passant rapidement sur ce rapprochement vengeur, il est nécessaire de remarquer que cette loi immense et très-inquiétante fut suivie presque immédiatement de la première mesure contre les émigrations, chapitre trop fécond par lequel nous ouvrirons notre exposé de cette législation, qui fut continuée dans un seul et même esprit jusqu’à la veille de la révolution française. En effet, on voit quelques mois ensuite que Louis XIV ordonna que nul des sujets du roi n’aurait la faculté de quitter le royaume et de s’établir dans un pays étranger, sous peine de confiscation de corps et biens et être réputés étrangers, avec défense de servir dans la marine étrangère comme matelots ou ouvriers, sous peine de la vie (Décl. d’août 1669, donnée à Saint-Germain-en-Laye). En 1682, on déclara nuls tous les contrats de vente d’immeubles faits un an avant la sortie du royaume, et trois ans plus tard on interdit tous mariages à l’étranger ; on prononça contre tous parents ou tuteurs qui y auraient consenti les galères perpétuelles, ou le bannissement avec la confiscation des biens. Pour arrêter les émigrations, on déclara que la moitié des biens des protestants qui sortiraient de France serait donnée au dénonciateur, et on défendit à toutes personnes de contribuer à l’évasion, et notamment aux capitaines, pilotes, ou maîtres de barques. Bientôt le roi ordonna l’établissement de corps-de-garde sur les frontières, et voulut que les bardes et effets qui se trouveraient sur les religionnaires saisis fussent distribués aux soldats, et un tiers seulement desdits effets aux espions qui donneraient avis de leur passage (Décl. du 26